jeudi 7 novembre 2013

Hors série n°6 : Prélude et Fin d'un tour du monde...

"Mon seul guide est mon plaisir" Rodin

Chers lecteurs, chères lectrices, chère famille, chers amis, chers inconnus qui m’ont suivi tout au long ou sur une partie de mon voyage, voici enfin venue la fin de mes péripéties… Comme tout le monde le sait, tout ce qui a commencé, en bien ou en mal, doit finir, pour qu’à nouveau, quelque chose puisse naître. Ainsi va la vie…

« Le vrai voyage, c’est d’y aller. Une fois arrivé, le voyage est fini. Aujourd’hui les gens commencent par la fin. » Hugo Verlomme

Mon cerveau est-il bien tourné ? Et bien c’est à vous d’en juger. Pourquoi terminer par la fin alors que je n’ai jamais réellement commencé mes aventures ? Bonne question n’est-il pas ? Pour ce dernier article, revenons un peu plus de dix mois avant la fin de mon voyage ou, plus simplement, quelques jours, voir quelques années, avant le début…

"Difficile exercice que de se décrire... Alors je vais essayer de faire concis. Je suis né à Tours en 1988 et j'ai vécu dans cette ville jusqu'à mes 10 ans. J'ai aussi vécu à Rennes durant 1 an, mais je n'ai plus que 2 ou 3 souvenirs de cet épisode. Après mes 10 premières années sur cette planète, j'ai beaucoup voyagé grâce à mes parents. Non! Ils ne sont pas militaires, policiers, gendarmes, Colonel Commando au Canada ou encore espions Russes, mais ils ont eu la bonne idée de déménager dans les DOM-TOM. 3 ans de Guyane Française, 3 ans de Corse, 4 ans de Guadeloupe sur un voilier, et de merveilleux souvenirs gravés dans ma mémoire.

En 2009, j'ai obtenu ma Licence en Sciences et Vie de la Terre, puis j'ai quitté le cocon familial, direction Nantes, afin de finir mes études supérieures. Ce fût étrange pour moi de retrouver la Métropole, le Continent ou la France Hexagonale, appeler la comme vous voulez, après 10 ans de "voyages". En septembre 2011, j'ai obtenu mon Master puis j'ai enchaîné directement par 10 mois de tram / boulot / dodo dans une CRO à Nantes. Fin juillet 2012, mon contrat prend fin et je suis remplacé par un stagiaire!

C'est alors le moment rêvé pour moi de réaliser le voyage que je m'étais promis à la fin de mes études. Le 24 juillet 2012, mon voyage commence par deux mois en Guadeloupe…"

Mais revenons d’abord quatre jours en arrière… Le 20 juillet 2012 marque ma dernière journée au sein de la première entreprise pour laquelle j’ai travaillé dans ma vie. Alors que je fais les dernières reprographies et que je tente au mieux de laisser une base correcte pour mes collègues, je craque 5 minutes avant la fin. Mes yeux s’emplissent de larmes.

"Pourquoi ? J’ai quelques hypothèses !"

La première, c’est que mon cerveau se relâche enfin après presque un an et demi de bons et loyaux services pour une entreprise qui ne donnait rien en retour d’un travail acharné à Nantes, mais aussi sur toute la France.

La deuxième, le fait de savoir que le voyage dont je rêvais est sur le point de commencer… Quelques jours de congés par-ci par-là, mais j’ai tenu sans en prendre beaucoup, et je repars avec un chèque assez conséquent qui me servira énormément…

Les bouchons sautent, les gens se rassemblent. Ça y est, s’en est terminé… Dernières accolades, derniers verres de champagnes échangés avec mes collègues auxquels j’ajoute maintenant le terme « anciens », et je quitte les murs de l’entreprise sans aucun regret. La crise, la perte du triple A, autant d’excuses bidons pour me dire que mon contrat ne sera pas renouvelé, mais dont je ne me soucie guère à présent. Moi, je fus honnête et droit jusqu’à la fin…

"Mais Flavien, s’ils te proposent un CDI, tu ne le prendras pas ?"

"Non, je n’en ai pas envie."

"On a tous besoin de croire que quelque chose existe au delà de la banalité du quotidien, être capable de se transformer en quelque chose de mieux, même si personne ne crois en vous" Neverland

"Mais tu es fou ! Et la sécurité de l’emploi, tu en fais quoi ?"

"Je n’en fais rien. Pourquoi laisser échapper un rêve depuis longtemps enfoui en moi pour un travail qui ne me plaît pas, pour une direction qui ne reconnaît pas les efforts de ses employés, pour venir tous les jours travailler et critiquer à vos côtés et, enfin, pour me retrouver devant des personnes que j’adore, certes, mais qui sont mieux payées que moi alors que cela ne devrait pas être le cas ?"

"Tu as de la chance de faire cela, Flavien."

"Chance, dites-vous ? Parlez plutôt d’envie ou de nécessité, mais s’il vous plaît, ne faites pas entrer la chance dans vos propos… Qui ne peut pas se donner les moyens, s’il le souhaite, d’en faire de même ? Peut-être vous faudra-t-il plus de temps, mais dites-vous aussi que, peut-être, je n’ai pas vécu comme vous l’avez fait. Non, je n’ai pas de télé plate, non, je n’ai pas de voiture, et oui je récupère beaucoup de choses afin que mon chez moi devienne unique, et non le modèle de nombreuses autres demeures. Je préfère l’authentique, le vécu, à toutes ces autres choses…"

« La chance n’arrive pas toute seule, elle se provoque » Papa

Le 21, 22 et 23/07/2012, je dois dire que je suis pris de court. Bien que j’eusse déjà commencé, il y a de cela un moment, à déménager des affaires, il m’en reste plus que ce que je ne pensais. Ma pauvre cousine se retrouvera bientôt, au retour de ses vacances, avec bien trop de mes affaires chez elle ! Merci encore ma petite Inouche…

Le 23/07/2013, ça y est, je suis officiellement SDF. Je rends mon appartement, le troisième dans lequel j’ai vécu à Nantes… Il est déjà tard, et je suis fatigué, mais il me reste quelques petites choses à faire. Premièrement, trouver un cadeau pour l’anniversaire de mon meilleur ami afin qu’il le trouve à son retour de vacances et, deuxièmement, faire mon sac à dos ! Ahahah la bonne blague…

Le cadeau trouvé, je fais un bref emballage, mais peu importe, je sais qu’il ne s’en souciera guère. Maintenant, il est temps de faire des choix : quelles affaires vais-je bien pouvoir prendre dans ce sac ? Deux piles voient le jour : ce que je prends, et ce que je ne prends pas.

"Indécision, quand tu nous guettes… Me voilà avec bien trop de choses à garder !"

Après un combat acharné entre ma bonne et ma mauvaise conscience, le sac est bouclé… Plus rien ne loge, mais il est bouclé ! Aujourd’hui, je me demande encore comment j’ai fait…

Le 24/07/2013 au matin, me voilà sur le départ. Il fait nuit lorsque je fais mes derniers au revoir à Nantes, ville dans laquelle mes émotions sont passées par tous les stades, dans laquelle j’ai eu trois appartements en trois ans, où j’ai terminé mes études, ou j’ai commencé physiquement ma vie active, mais pas mentalement. Je grimpe dans le train et, lorsque les portes se ferment, des larmes de joie, d’excitation, de peur de l’inconnue et de tristesse coulent sur mes joues. Lorsque j’écris, il est assez difficile de faire ressortir mes émotions. Cela doit être tout un art, et bien que je me sois amélioré, je n’ai pas la prétention de me dire écrivain…

"Good bye Nantes ; Bonjour Paris"

En marchant dans le métro, je me maudis. Mon sac me déchire les épaules. "Tiens-tu tant à tes vêtements pour te faire souffrir ainsi ?" Il est intéressant que j’écrive cela maintenant alors que, pendant mon voyage, beaucoup de mes vêtements, cuits par le soleil, les machines répétées… ont terminé leur route dans une poubelle sans même un regard en arrière.

Je suis dans l’avion, premier d’une longue lignée. Dans quelques heures, je serai en Guadeloupe ! Et hop, j’y suis ! Il est tellement aisé de faire des ellipses narratives, surtout si longtemps après…

Je sors de l’aéroport et… et il n’y a personne pour venir me chercher, car mes parents ne sont pas à quai, mais cela, je le savais. Un peu de stop sous cette chaleur épuisante, en pantalon (mes shorts étant bien cachés au fond de mon sac, je ne sais où) et une vielle femme d’origine Guyanaise me laisse entrer dans sa petite voiture. Très croyante et très gentille, cette dame, qui devait normalement aller faire les magasins pour s’occuper, a préféré se consacrer à mon bonheur. Elle me dépose proche de ma destination, et je la remercie mille fois. Avant de refermer la porte, et bien que je sois athée, je lui offre un dernier sourire et une phrase magique à ses yeux : "Dieu vous le rendra Madame".

Sur les quais, je m’offre une petite glace et me repose au vent. Le ticket dans les mains, j’embarque sur la navette reliant Pointe-à-Pitre à Marie-Galante. Non, je ne vais pas retrouver mes parents, car ils ne sont pas encore là, mais Raphaël, mon meilleur ami, actuellement chez sa mère.

Durant cette semaine sur place, nous profitons des plages et aidons Madame à empaqueter ses affaires. Après des années et des années passées en Guadeloupe, elle s’en va maintenant à La Réunion. Si mes souvenirs sont bons, c’est le 31 juillet 2012 que nous prenons la navette de retour vers la Guadeloupe.

Mes parents nous attendent de pieds fermes sur les quais et nous accueillent à bras ouverts. Ne les voyant que très peu durant l’année, et cela depuis trois ans déjà, je resterai en Guadeloupe jusqu’au 29/09/2012.

« Pleurer ses parents, c’est pleurer son enfance. L’Homme veut son enfance, veut la ravoir, et s’il aime davantage ses parents à mesure qu’il avance en âge, c’est parce que ses parents, c’est son enfance. J’ai été une enfant, je ne le suis plus, et je n’en reviens pas. » Albert Cohen

Durant cette période, je profite des derniers instants avec Raphaël qui repart à Nantes le 09/08/2012, ainsi que de mes parents adorés entre plage, plongée, bateau, marches en tout genre, gâteaux et bons petits plats de ma mère. Je me rappelle ici d’une voiture comme neuve, sortant du garage, et d’un accident qui aurait pu mettre fin à tout, alors que cela n’avait même pas vraiment commencé. Et si nous avions été poussés sur la quatre voies, et s’il n’avait pas plu, et si, et si… Et si nous arrêtions d’employer cette expression ?

Je me souviens de ma mère m’ayant cousu un drapeau français sur le dos de mon sac, de mon père m’ayant aidé à rempaqueter mes affaires et, surtout, les trier ! Je me souviens d’avoir appris à faire des photos où je n’ai pas l’air d’un benêt.

"Les mains sur les hanches Flavien…"

Me voilà de retour à mes premières péripéties, nous sommes le 29/09/2013 : "C'est parti pour la découverte de pays inconnus à mes yeux. J'enregistre mon sac à dos qui fait 16 kg. Après une bonne rigolade en observant les badauds de l'aéroport avec mes parents, je décolle de Pointe à Pitre avec une heure de retard. Il faut croire que j'attire les retards dans les transports en commun... Et oui, le seul vol de la semaine vers Montréal avec Air Canada se trouve perturbé par des orages."

Encore une petite ellipse temporelle ? Oui, non, et bien oui, et même une grosse. Sautons le Canada, les Etats-Unis, la Nouvelle Calédonie, la Nouvelle-Zélande, la Malaisie, la Thaïlande, le Laos et le Cambodge, et nous voilà à la fin de ce merveilleux voyage. La fin ? Oui, enfin presque…

"Suite à un dernier repas en compagnie de Steffen et Anika, je rempaquette mes affaires pour la presque dernière fois et quitte l'Hostel. J'échange une dernière accolade avec Anyka, puis Steffen m'escorte jusqu'à l'aéroport et repart en touk-touk tandis que je vais prendre le premier de mes deux avions qui me ramènera, dans quelques heures, un peu plus près de ma terre natale..."

"Appréciant de boucler les boucles, et n'ayant pas de vol direct pour Paris, le voyage va encore durer un jour de plus... Mon premier vol s'arrêtera à Kuala Lumpur, en Malaisie. Cette ville fût, rappelez-vous, mon point de départ sur ce continent... Là-bas, il me reste une dernière chose à accomplir, une dernière personne à voir, une dernière personne à sauver..."

Arrivé à Kuala-Lumpur, je prends la navette en direction du centre ville. Mon vol à destination de Paris, dernier vol d’une longue lignée, décollera demain soir à 23 heures et quelques. Par habitude, et parce que c’est une valeur sûre, je me rends à "Raizzi’s Guesthouse" ou je retrouve Millad et Syaslyn avec beaucoup de joie.

Vous souvenez vous de mes derniers pas en Malaisie ? J’y avais écrit, au sujet d’une conversation avec un jeune homme ayant durée toute la nuit : "Vous voulez savoir de quoi et de qui il s'agit? Et bien vous ne le saurez pas, car c'est très précisément maintenant que, par respect pour lui et pour notre sécurité, je m'auto-censure! Je parlerai de vive voix... ou pas!"

Et bien cette citation concernait ma dernière personne à sauver, et la censure s’applique encore à l’heure actuelle. Cependant, directement ou indirectement, je suis fier de me dire que j’ai mené mon sauvetage à bien, et cela dans les règles de l’art…

Après avoir passé la majorité de la nuit avec Millad et Syaslyn, je vais me coucher. Demain, je vais revoir quelqu’un que je ne m’attendais pas à revoir il y a encore quelques heures…

Le 01/06/2013, je me réveille avec une note près de la tête. Ça y est, elle est arrivée… Je me lève en précipitation et la vois dans le hall principal. Aussi surprenant que cela puisse paraître, nous nous retrouvons après tout ce temps. Alors que je rentre ce soir, elle restera encore quelques jours ici avant de rentrer en Allemagne pour les vacances.

"Mais qui est-elle bon sang de bon soir ?"

Vous souvenez-vous de la Nouvelle-Zélande ? Lors de mon passage sur l’île du Sud, j’avais rencontré dans le camping Kiwiana Hostel, à Takaka, un petit groupe de personnes. Et bien c’est Carolin qui est actuellement en ma présence. Après nos aux revoirs rapides à Christchurch, nous voilà de nouveau réunis.

Nous partageons l’après-midi ensemble en allant au parc situé au pied des "Petronas Tower", échangeons sur nos vies durant les mois écoulés, et rentrons à l’Hostel.

Millad est debout depuis quelques minutes. Avec lui, je déguste un dernier repas chez l’Indien d’en face, puis je prépare, une ultime fois, mon fidèle sac à dos. Une dernière fois durant ce merveilleux voyage, je fais mes aux revoirs. Au revoir Carolin, au revoir Syaslyn, au revoir Millad…

Après une heure de navette durant laquelle les larmes ne cessent de couler, je prends une dernière fois l’avion, avion remplie de français qui m’exaspèrent déjà, qui se plaignent déjà au lieu de se souvenir de leurs vacances, qui ne savent dire non à leurs enfants, qui ne comprennent pas la chance, et cette fois je parle bien de chance, de vivre dans un pays comme le notre… Regardez autour de vous !

Après 13 heures de vol, les trains d’atterrissage sont sortis, les roues touchent le tarmac, je suis en France… Mon sac récupéré, le drapeau situé à l’arrière étonne. Est-il si fier de son pays pour mettre un drapeau français alors même qu’il est en France ? Certes, ce drapeau perd un peu de son sens alors que je déambule dans les rues de Paris, mais ma mère l’a cousu il y a un peu plus de 10 mois, et il a tant voyagé que je ne me résoudrai point à l’enlever sous la contrainte d’une incompréhension…

Nous sommes le 02/06/2013, Paris se lève, et l’odeur de la capitale me revient en mémoire. Oui, je suis bel et bien en France, mais mon esprit vagabonde encore. Alors que je commande une crêpe devant Montparnasse, les mots me sortent en anglais. Peu importe, le serveur a compris, je ne me reprends pas. La crêpe entre les mains, un homme vient me voir en me demandant s’il peut utiliser mon portable pour téléphoner à sa fille.

Mon portable ! L’homme me fait sourire et, bien qu’il ne doive pas comprendre pourquoi, moi, je le sais. Je suis arrivé depuis quelques heures, et je devrais maintenant redémarrer cette chose que je n’ai pas touché pendant des mois, cet objet qui a trainé au fond de mon sac, juste au cas ou, pendant tout mon périple…

Perdu dans mes pensées, je ne réponds pas. Je reviens à la réalité lorsque le serveur s’approche de l’homme : "Ne lui demandez rien, Monsieur, il n’est pas français, il ne comprend rien !". Amusé, je continu à manger ma crêpe et souri au serveur : "Si tu savais !". Je me retiens de parler. Après tout, peu importe, je veux m’isoler pour le moment, et il s’avère que c’est un bon moyen. Je ne serai donc pas français durant tout mon passage à Paris, mais citoyen du monde parlant anglais. Bien joué, j’évite ainsi au moins trois conversations auxquelles je suis finalement le seul à tout comprendre. Etrange situation… Mon train entre en gare. Je grimpe dedans et, lorsque les portes se ferment, ces mêmes larmes de joie, d’excitation, de peur de l’inconnue et de tristesse qui ont coulé sur mes joues il y a de cela bien longtemps, coulent de nouveau…

Après 313 jours, soit plus de 10 mois de vadrouille, je me retrouve à mon point de départ : Nantes! Suis-je content de revenir? À vrai dire, je ne sais pas, car je l'avoue, j'ai peur...

"Nantes, peut être avec Paris la seule ville de France où j’ai l’impression que peut m’arriver quelque chose qui en vaut la peine, ou certains regards brûlent pour eux-mêmes de trop de feux, ou pour moi la cadence de la vie n’est pas la même qu’ailleurs, ou un esprit d’aventure, au delà de toutes les aventures, habitent encore certains êtres" Breton

Durant tout ce temps passé loin de la France, j'ai rencontré des centaines de personnes au caractère bien différent, et j'ai été heureux, triste, souriant, en pleur, fier, stupide, joyeux... Durant tout ce temps, j'ai changé la vision que j'ai du monde. Bien que je n'aime toujours pas les gens (du moins la majorité), j'ai compris qu’il n’y avait rien à comprendre, que ceux que j'aime sont ceux qui m’ont touché pour diverses raisons, qu’il n’y a pas de critères à respecter pour entrer dans mon cœur.

Je sors de la gare et, encore une fois, je boucle une boucle. La première personne que j’ai vu, au départ de mon voyage, mon meilleur ami, Raphaël, m’accueille les bras ouverts. Les émotions passées, nous rentrons chez lui, appartement que je n’avais pas encore eu le plaisir de voir. Une marche dans Nantes plus tard, mes sentiments s’entrechoquent. Nous sommes dimanche, et la ville est déserte. Où sont les gens ? Où vais-je retrouver un choc de culture ? Où vais-je voir les religions marcher main dans la main ? Pourquoi ne m’interpelle-t-on pas à chaque coin de rue ? Où sont les centaines de touk-touk ?

Il faut que je me remette dans le bain de notre civilisation. Cela reviendra… Cela reviendra d’ailleurs comme le fait de parler français correctement ! Moi qui, il y a quelques heures encore, souriais à l’idée de parler anglais alors que je comprends très bien ce que l’on me dit, je n’arrive pas à communiquer avec Raphaël dans un français correct ! Une faute dans chaque phrase, des mots qui ne me reviennent pas, des mots qui sortent en anglais, des phrases mal construites… Je suis fatigué, cela fait longtemps que je n’ai pas tenu une longue conversation dans ma langue natale. Demain, cela ira déjà mieux…

"Nous ne savons pas ce qu’il faut faire, mais nous allons essayer n’importe quoi" Gilles Drieux de La Rochelle

Mais avant demain, voici le programme de la soirée. "Flavien, veux-tu bien être acteur dans mon court-métrage ?" Il nous manque quelqu’un ! Avec plaisir, après tout, je suis encore en vacances… Ce soir, je suis donc un groom devant l’Hotel Pommeraye.

Allez, je ne vais pas vous faire du jour par jour depuis mon retour, cela ne servirait à rien. A retenir depuis mon arrivée en France le 02/06/2013, je citerai :

- le fait d’avoir revu mes parents après leur périple en Europe du Nord.

- le fait d’avoir revu ma famille et mes amis…

- le fait d’avoir trouvé un boulot très rapidement. J’ai intégré l’équipe du CIC Thorax du CHU Nord Laennec le 8 juillet 2013. Alors, elle est où la sécurité de l’emploi ? Chance, destinée ou ténacité ?

- le fait d’avoir trouvé un appartement après trois mois de recherches. J’y ai vécu dans les travaux pendant un autre long mois, mais j’y suis maintenant en paix.

- le fait d’avoir participé à deux projets de photos dans lesquels j’ai posé pour deux amis.

- le fait d’avoir revu Nirvana (Canadienne/Iranienne) rencontrée au Laos, Steffen (Allemand) rencontré en Thaïlande, et Amandine (Française) rencontrée en Malaisie…

- le fait d’avoir organisé un anniversaire de fou dans mes greniers qui servent maintenant de salle de répétition pour le théâtre, et qui me fascinent depuis que je les ai vu.

Un grand merci à tous ceux et toutes celles qui m’ont suivi plus de 10 000 fois, et je suppose que cela n’est pas exhaustif, depuis l’Afrique du sud, l’Algérie, l’Allemagne, l’Australie, le Bangladesh, le Brésil, la Bulgarie, le Cambodge, le Canada, la Chine, la Corée du Sud, la Côte d'Ivoire, le Danemark, l’Équateur, l’Espagne, les Etats-Unis d'Amérique, la France, la Guadeloupe, les Îles Maurice, les Îles Vierges, l’Irlande, le Japon, la Lettonie, la Malaisie, le Maroc, le Mexique, la Nouvelle-Calédonie, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, la Pologne, la Polynésie française, la Roumanie, le Royaume Uni, la Russie, le Sénégal, la Suède, la Suisse, la Syrie, la Thaïlande, la Tunisie, l’Ukraine, le Viêt Nam…

Parmi les recherches Google qui ont permis de trouver mon blog, certaines m’ont amusé : Flavien cuisinier, Homme en trottinette version dessin animer, Medieu vert. 3 banlieusard moche, Cacahouète fourré, Attirance mâle et femelle, Numéro hors série Dora, Dessins dame donnant à manger aux pigeons, Pinata Spiderman, Histoire des blogueurs…

Tiens, je me rends compte que je n’ai jamais terminé l’histoire de la guerre des tongues. Et bien sachez que, jusqu’à la fin, j'en ai changé encore au moins trois fois à la réception de tous les Hostels dans lesquels j'ai pu aller. À ce jour, les dernières sont définitivement décédés. Après tous ces voyages et tous ces pieds, je regrette qu'elles terminent lamentablement dans une décharge française mais, encore une fois... Ainsi va la vie!

J’avais 23 ans lorsque j’ai pris mon envol pour ce fabuleux voyage autour du monde, et c’est aujourd’hui que je fête mes 25 ans. Nous sommes le 08 novembre 2013, et il est 05h30, heure de ma naissance, lorsque cet article se met seul en ligne. Je dors probablement à l'heure qu'il est... Quelque chose va-t-il mourir en moi ? Je ne le pense pas. J’ai bien trop de projets pour laisser les légendes me faire mourir à petit feu…

"L’enfance est un couteau planté dans la gorge, on ne le retire pas facilement" Incendies

Merci à vous d’avoir attendu encore cinq mois que je termine enfin ce blog. Mon voyage s’achève enfin à l’écrit, mais continu dans mon esprit…

« Le voyage s’allonge et par moment il semble qu’il ne prendra fin qu’avec la vie ; on se sent une chose passive emportée sans pouvoir. » Ella Maillart

Fin

dimanche 27 octobre 2013

Phnom Penh Ter... Mes derniers pas au Cambodge!

"Bienvenue dans le dernier article concernant ce merveilleux pays qu'est le Cambodge. Certe, il est minuscule, mais je me devais de terminer mon récit..."

Le 28/05/2013, nous nous réveillons dans un nouvel Hostel. "OK Guesthouse", situé à Phnom Penh, verra notre quatuor se dissoudre incessamment sous peu...

Aujourd'hui, l'un d'entre nous prend du grade. Mister Steffen fête ses 21 ans! Une journée de repos après cette aventure au nord du Cambodge, nous nous rendons dans l'appartement des parents d'Anyka.

Au sommet d'une haute tour de Phnom Penh, nous surplombons la ville et le Mékong et apprécions ce soir un magnifique couché de soleil. Le ciel flamboie devant nos yeux émerveillés.

Alors qu'Anyka prend les commandes du plat principal, assisté par la cuisinière, je me charge, en tant que bon français, du dessert : une tarte amandine poire chocolat! Maman, merci pour la recette...

La cuisinière, ébahit, me demande la recette. C'est avec joie que je lui dicte en anglais, et qu'elle s'empresse de l'écrire en khmère sous mes yeux écarquillés. Oui, ce langage écrit est impressionnant de beauté!

La soirée se passe au fil d'un bon repas, de discussions endiablées et d'un film pas si pire... Encore une fois, joyeux anniversaire mon très cher Steffen!

Le 29/05/2013 marque le dernier jour de Nirvana parmi nous. Nous en profitons et l'usons jusqu'au bout de la nuit... N'appréciant guère les départs, je suis désolé, mais j'abrège ces moments qui ne sont guère joyeux!

Le 30/05/2013 marque mon dernier jour parmi le trio... À notre réveil, Nirvana a déjà quitté l'Hostel. Sans faire de bruit, elle nous a laissé dans les bras de Morphée et a pris la direction de l'Indonésie... Bon voyage ma belle!

Ce soir, je dîne en ville avec ces deux messieurs, et quelque chose de très étrange se produit. Pour la première fois de nos vies, et bien que j'ai un doute sur la façon dont cela s'est produit, je reste certain que, pour ma dernière soirée au Cambodge, quelqu'un nous a drogué... et que peu importe ce que c'était, ce qui est sûr, c'est que c'était puissant...!

"Ça y est, je comprends maintenant pourquoi tout le monde dit tout le temps qu'il est nécessaire de surveiller son verre...!"

Certes, nos pupilles sont dilatées, nos visages pâles, nos pensées et nos gestes plus que ralenties, nos corps meurtries par cette substance qui ravage nos organismes, mais nous luttons, nos passeports dans nos boxers, et retournons sains et sauf nous affaler dans nos lits... Nos visions se brouillent, les images sont vagues, nos yeux se ferment, nos corps ne répondent plus de rien. Je regarde mes membres, leurs donne des ordres, mais les connexions ne se font plus, et rien ne se passe. Bien que j'ai peur, il est étrange que ma respiration ralentisse. J'étouffe, et mes yeux s'emplissent de noir...

"Est-ce la fin pour nous? Est-ce ainsi que presque un an de voyage s'achève? Je ne sais ce que les autres ressentent, et je ne peux leur demander, ma bouche n'émettant aucun sons mais, de mon côté, j'ai l'impression que je me meure... Un soubresaut plus tard, et le moment est venu pour moi de tomber dans le néant..."

Le 31/05/2013, nous nous réveillons presque en même temps. Nos organismes ont joué leurs rôles et ont éliminé toutes les toxines. C'est avec un large sourire que nous revivons et que nous repartons plein d'énergie pour quelques heures, le pas légé!

Suite à un dernier repas en compagnie de Steffen et Anika, je repacte mes affaires pour la presque dernière fois et quitte l'Hostel. J'échange une dernière accolade avec Anyka, puis Steffen m'escorte jusqu'à l'aéroport et repart en touk-touk tandis que je vais prendre le premier de mes deux avions qui me ramènera, dans quelques heures, un peu plus près de ma terre natale...

"Appréciant de boucler les boucles, et n'ayant pas de vol direct pour Paris, le voyage va encore durer un jour de plus... Mon premier vol s'arrêtera à Kuala Lumpur, en Malaisie. Cette ville fût, rappelez-vous, mon point de départ sur ce continent... Là-bas, il me reste une dernière chose à accomplir, une dernière personne à voir, une dernière personne à sauver..."

"Steffen, Nirvana, Anyka, thanks so much for those days, weeks and even months of joy. I'll never forget you...! You're more than the bienvenue in my flat!"

"Chères lectrices, chers lecteurs, je vous retrouverai prochainement, et pour la dernière fois, dans le 56ème et dernier article de cette merveilleuse aventure..."

jeudi 24 octobre 2013

Siem Reap et les Temples d'Angkor... 2ème partie

"Afin de clore mon passage aux Temples d'Angkor, voici un peu d'histoire et, surtout, des dizaines et des dizaines de photos... Merci Wikipédia, source de toutes ces informations"
Angkor est une région du Cambodge qui fut l'une des capitales de l'Empire Khmer du IXe au XVe siècle. Ses ruines sont situées dans les forêts au nord du Tonlé Sap et sont classées depuis 1992 au patrimoine mondial de l'UNESCO.
Si l'histoire retient le IXe siècle pour la fondation d'Angkor, les ruines de ce site cambodgien ne seraient que la partie monumentale connue à ce jour. Cependant, des signes montrent apparemment une présence datant de plus de 1800 ans! Pas moins de vingt-sept sépultures ont été dégagées, et les squelettes humains de cinquante-neuf individus identifiés.
L'empire Khmer fut fondé au début du IXe siècle par Jayavarman II. L'un de ses successeurs, Indravarman I, entreprend des travaux d'aménagement hydraulique qui seront la base de la prospérité de la région.
Les successeurs d'Indravarman, notamment son fils Yaśovarman, crédité du titre de "Créateur d'Angkor", entreprennent des aménagements gigantesques, plus au Nord-Ouest.
Après une période de troubles pendant laquelle la capitale du Royaume Khmer est transférée à Koh Ker, Sūryavarman I réinstalle un pouvoir fort à Angkor. Il est aussi à l'origine du premier édifice encore visible, le Preah Kô, consacré en 879 et construit en brique comme tous les monuments antérieurs, inaugurant plus de trois siècles d'apogée de l'architecture khmère. Le premier temple-montagne, configuration caractéristique de la cosmologie hindouiste, est édifié par ses soins en 881 au Bakong.
Les grands rivaux des Khmers, les Chams, occuperont Angkor quelques années avant que Jayavarman VII en reprenne possession (1181) et établisse le bouddhisme mahāyāna comme religion officielle. Les constructions prennent de l'ampleur avec l'enceinte d'Angkor Thom et le Bayon, puis le Ta Prohm, le Preah Khan et leurs tours ornées de gigantesques visages du Bouddha souriant qui furent construits successivement pendant le XIIe siècle. À cette époque, la capitale khmère s'étendait sur 200 km² et comptait près d'une centaine de temples.
L'un des successeurs de Sūryavarman I, Jayavarman VIII, dès son avènement (1243), impose le retour à l'hindouisme et détruit de nombreuses sculptures du Bouddha. Le déclin du Royaume Khmer sera rapide, son territoire rétréci par la sécession des Thaïs du Royaume de Sukhothaï et ravagé par des guerres incessantes avec ceux-ci et les Chams. Angkor sera définitivement abandonnée comme capitale vers 1431, après sa prise par les thaïs du Royaume d'Ayutthaya.
Au cours des XVe et XVIe siècles, des moines bouddhistes s'approprient le site et détournent des constructions vers des représentations du Bouddha telle l'énorme Bouddha couché au Baphuon. Ce site sera laissé à l'abandon et, pour la plus grande part, enseveli sous la végétation foisonnante de la jungle tropicale.
La période sinistre des Khmers Rouges avait rendu le site inaccessible aux visiteurs, mais malheureusement pas aux pillards. Par précaution, de nombreuses pièces sont aujourd'hui à l'abri au musée de Phnom Penh.
Le Royaume Khmer a connu l'un des effondrements les plus méconnus de tous les temps. À son apogée, il domina une large frange de l'Asie du Sud-Est continentale, de la Birmanie, à l'Ouest, au Viêt Nam, à l'Est. Sa capitale, Angkor, comptait pas moins de 750 000 habitants et couvrait une superficie d'environ 1 000 km².
À la fin du XVIe siècle, lorsque des missionnaires portugais découvrirent les tours en forme de lotus d'Angkor Wat, le temple le plus sophistiqué de la cité et le plus vaste monument religieux du monde, la capitale de l'Empire agonisait déjà.
L'explication la plus probable est la suivante : Angkor aurait été condamnée d'avance par cette même ingéniosité qui transforma un ensemble de petits fiefs en Empire. La civilisation khmère avait appris l'art d'apprivoiser les déluges saisonniers de l'Asie du Sud-Est, en stockant l'eau dans d'immenses bassins pour éviter les inondations et la restituer en période de sécheresse. Mais elle perdit le contrôle de l'eau, la plus vitale des ressources, entraînant ainsi son déclin. Des sécheresses sévères et prolongées, ponctuées par des pluies torrentielles, auraient anéanti le système hydraulique.
Le pouvoir se déplaça vers Phnom Penh, au XVIe siècle, après une période de moussons irrégulières. Le temple d'Angkor Wat a été le seul monument entretenu constamment par des moines bouddhistes. Après de nombreuses campagnes de restauration et un très long déminage suite aux dommages collatéraux engendrés par le conflit Americano-Vienamien, la plus grande partie du site d'Angkor est aujourd'hui visitable.
C'est en 1861, début de la conquête de la Cochinchine par la France, que le naturaliste Henri Mouhot, explorant la région avec l'Abbé Sylvestre, permet la re-découverte d'Angkor Wat, puis d'Angkor Thom. Une seconde exploration, de 1863 à 1866, menée par Ernest Doudart de Lagrée, sera beaucoup plus exhaustive.
De nombreuses missions d'exploration se succèdent alors jusqu'à la longue présence d'Étienne Aymonier, nommé représentant au Cambodge en 1879. Celui-ci organisa la traduction des nombreuses inscriptions et tenta de reconstituer l'histoire du Royaume Khmer.
Depuis le début du XXe siècle, le site d'Angkor est patiemment réhabilité par des archéologues, notamment par ceux de l'École française d'Extrême-Orient. Le bon avancement de ce programme a permis de retirer Angkor de la Liste du patrimoine mondial en péril de l’UNESCO.
De 2001 à 2012, une étude archéologique à grande échelle, le "Greater Angkor Project" rassembla l'Université de Sydney, l'École Française d'Extrême-Orient, et l'APSARA avec le support de l'Australian Nuclear Science and Technology Organisation. Elle a étudié les raisons du déclin d'Angkor et de son abandon en 1431.
Ils confirment qu'Angkor était bien l'un des plus vastes complexes urbains de l'ère pré-industrielle. Le centre urbain s'étendait sur 400 km² et la surface totale atteignait 3 000 km², soit dix fois plus que ce que l'on imaginait. On évalue la population à 700 000 habitants. Les experts en tirent la conclusion que cette extension de la capitale de l'Empire Khmer n'a vraisemblablement pas été sans conséquences pour l'environnement et que les problèmes écologiques (déforestation, dégradation des sols, érosion...) liés à ce développement ont sans doute contribué à la chute de l'Empire.
Le 27/05/2013, après un massage plus que parfait, nous reprenons le bus en direction de Phnom-Penh, des images pleins les yeux et des souvenirs magiques plein la tête...
PS : Après tout ce temps sans écrire sur mon parcours, j'avais un petit peu peur de ce que j'allais pouvoir mettre sur la toile, mais je crois que lire les Petits Nomades, arrivés en Asie depuis fin août, et le fait que je sois actuellement dans un train, m'ont remotivé...
"Pourquoi le train le motive-t-il?"
"Le train me motive car mon blog a été écrit, du moins la majorité du temps, dans des transports en commun (bateaux, trains, avions...), et que j'ai comme une nostalgie de mon voyage lorsque je parcours de petites ou longues distances accompagné de ma tablette et de mon fidèle sac à dos..."
À suivre, le dernier article sur le Cambodge...